Accueil > Non-Fiction > Pas Mon Genre > À Quoi Bon ?
D’habitude, je préfère écrire de mon être rationnel. Aujourd’hui, j’ai besoin d’écrire de mon être émotionnel. Cet article ne sera pas aussi construit que les autres. So be it.
« On s’en fout, du genre. Moi, je ne vois pas des hommes ou des femmes, je vois des personnes. »
« J’accepte, mais je ne comprends pas pourquoi tu fais ça. »
« Qu’est-ce que ça change ? »
« Qu’est-ce que ça apporte ? »
« Tu peux être un homme et avoir une part de féminité intérieure. »
« Tu peux être un homme sans cacher tes sentiments, sans être constamment en compétition. »
« Tu n’as pas besoin de ça. »
« Tu n’as pas besoin de te maquiller pour être quelqu’un de bien. »
Le doute. La lassitude. La peur, parfois.
Ce doute qui s’insinue dans les fissures de la confiance laissées par la fatigue. L’érosion de la joie sous les lentes vagues du quotidien. Death by a thousand cuts. Saigner une goutte à la fois.
« À quoi bon ? »
« Je ne serai jamais rien d’autre qu’un mec en jupe. »
« Je ne passe pas. Autant arrêter de prétendre. »
« Autant m’accepter tel que je suis. »
Comment trouver la source intérieure pour affronter ça ? Tout ça ? Où trouver la confiance ? Où puiser le courage ? Comment dire le pourquoi ?
Au fond de la boîte de Pandore : l’euphorie de genre. Le petit plaisir coupable de la transgression. La joie du changement ; la jouissance dans les transformations répétées. L’ivresse de la liberté.
Je me sens bien, lorsque je choisis mon expression de genre. Je me sens mal, lorsque je me sens obligé·e d’être homme. Je veux être libre. Et j’aime goûter à cette liberté. Pas juste me contenter d’une liberté possible. Jouir d’une liberté en acte.
Je ne veux pas me contenter d’une féminité intérieure. Je ne la nie pas, au contraire. Mais je veux aussi une féminité extérieure. Sociale. Apprêtée. Parfois conforme, en apparence binaire, mais c’est le jeu. Pas tout le temps. Parfois. Je veux avoir accès à la tendresse féminine intérieure ; je veux aussi avoir accès à la beauté féminine extérieure. Autant qu’à la beauté masculine.
Oui, le genre n’a pas d’importance. Mais je ne suis pas agenre. J’aime avoir une expression très genrée ; parfois l’une, parfois l’autre, parfois beaucoup des deux. J’aime être belle ; j’aime être beau. Pour moi-même, et pour personne d’autre. J’aime m’approprier ces codes, même s’ils sont très normatifs en eux-mêmes. J’aime les détourner, les mélanger, les choisir sans restriction. Et parfois être en dehors, mais pas toujours. Androgyne. Andro+Gyne. Pas A-genre.
Vain·e ?
Non.
Heureux·se !